A côté de son vaisseaux endommagé, Varda fait les cent-pas. L'excitation la gagne et noue dans sa poitrine un poids douloureux. C'est une malédiction, ou bien l'atmosphère d'Ilum serait ce que l'on nommerait dans une autre galaxie : un triangle des Bermudes. Le genre d'endroit où il n'est pas bon de naviguer. Ses réacteurs se sont éteints, et ses instruments de pilotage ont cessé subitement de fonctionner. Résultat, un plongeon dans la fange et....un appareil en feu, non loin. Elle relève son regard pour scruter avec désespoir l'immense trou qu'elle a creusé en "atterrissant". Maintenant piégée dans une grotte à la pénombre permise par l'éclat de quelques bruts cristaux.

Ilum...

Il n'y a pas mort d'homme. Et elle préfère dix fois mieux tomber sur la créature impitoyable de ces grottes souterraines, que sur un padawan ou pire, un Jedi. Elle soupire et tâte son corps à la recherche de son équipement. La vérification est rapide : poignards, sabres, blaster. En revanche, il lui manque le peigne. Et elle injure le sort qui l'en a séparé lors de la chute sur Ilum. Quelques grognements inhumains lui parviennent depuis les tréfonds de la caverne. Elle ne s'en inquiète pas et porte son attention sur un autre son, plus subtile. Un autre vaisseau, sûrement en difficulté en vue des vrombissements qui arrivent à ses oreilles sensibles. Elle retrousse sa manche et dévoile son avant-bras gauche sur lequel est tatoué un pictogramme Sith. Elle passe son doigt contre les traits noirs de l'encre magique en chuchotant quelques mots inquiétants dans une langue traditionaliste. D'étranges lueurs, veloutes de fumée âpre, se dégagent de sa peau incarna. Sous couvert de cette protection alliant magie Sith et Force Obscure elle s'oriente dans la grotte avec précaution.

La démarche féline et prudente : elle regarde à deux fois où elle pose le pied. Sa robe blanche glisse contre les cristaux lumineux ou éteints, selon l'humeur, dans un froissement délicat. Elle s'approche car déjà les contours timides d'une silhouette se détache dans l'atmosphère tendue. Partout l'air est saturée de cette menace invisible, signe que dans ce monde à part, vivent des protecteurs et chaque sol foulé à un prix. Thuringwethil retient son souffle, les sens en alerte. Elle se sait traquée, et épiée par le monstre des lieux. Mais ce qui l'intrigue davantage demeure cette figure plus loin; aux formes féminines. Son aura paraît pourtant menaçant et la Varda n'a aucun mal à distinguer le sombre charisme d'une Sith.

Approchez et montrez-vous, ordonne-t-elle d'un timbre autoritaire, perçant de ses yeux diamants l'inconnue.

Elle a cessé de progresser, par simple mesure de survie. S'approcher trop de l'ennemi peut engendrer de fâcheuses surprisse. Elle souhaite s'assurer au fond que cette Sith est autant dans la merde qu'elle: coincée ici. Elle dresse son bras menaçant, invoquant davantage de Force; mais sa cible est loin d'être la rescapée sith - mais bel et bien cette forme horrible et imposante qui dans son dos vient de s'élever, l'haleine putride.
Le combat va s'engager au moindre faux geste.

Pour l'inconnue, il n'est peut-être plus question d'approcher. Le monstre est du côté de la sorcière, sournois avec un regard fait des cristaux qui les entourent.

Merde.

A la première charge de la créature, dans un hurlement sinistre, Thuringwethil esquive in extremis en se jetant sur le côté. C'est peut-être à ce moment-là, alors que la première proie lui échappe que le Gorgodon remarque la Sith, lui réservant sans doute une seconde charge.

La sorcière ferme les yeux, moins par peur que par concentration - canalisant son énergie dans ce bras inquiétant qui fume davantage. Pourtant, elle a tout vu, du moins senti. de l'onde de choc de la lame laser qui pourfend, à cette odeur de chair brûlée qui provient de la navrure mosntrueuse. C'est impressionnant; officiellement, elle ne l'avouera jamais mais la jeune de Tund a compris la puissance que cette Sith dégage. Peut-être une occasion de réfléchir à deux fois avant de lui sommer d'autres ordres? Pour le moment, le plus gênant demeurent les cris gutturaux et stridents de la créature à l'agonie. Debout, le port altier et le corps tendu par une élégance sombre, Thuringwethil analyse ce qui vient de se présenter à elle. Assurément, la femme est plus âgée avec ce faciès émacié par le temps qui néanmoins n'a pas réellement fait tous les ravages dont il est capable. Elle croise les braises carmines tenant lieu de prunelles à la femme sith, et la couleur de ses propres iris aussi claires que de l'eau de roche ne servent pas à éteindre l'incendie de ces rubis incandescent qui brillent dans la noirceur.

- Je suis Thuringwethil.

Elle ne précise rien de plus. Un nom, c'est suffisant pour créer le plus minime contact. Elle dépasse Iris dans un soupir discret et dirige ses pas félins vers la carcasse mourante du prédateur. D'une acrobatie vertigineuse, elle en atteint le dos et grimpe sur le colosse des cavernes qui se débat dans son agonie pour éviter le coup de grâce. Atteignant son crâne, la sorcière se penche et plaque impitoyablement sa main gauche entre les deux yeux du monstre. La magie sombre opère, et elle-même doit serrer les dents tant faire appel aux sortilèges de Tund endolorent son bras marqué. Elle étouffe un cri qui irrite sa gorge nouée. Mais Gorgodon succombe et dans un ultime râle de survivance heurte le sol pour de bon, faisant trembler la caverne de son poids mort. Les yeux de Varda se sont assombris et une fumée ocre de couleur violacée les cernent avec envoûtement.
Glissant au sol, elle active son sabre-laser.

Crépitement, hésitation : la lame jaillit, se désactive puis revient à nouveau, incertaine. Sa couleur verte caca d'oie fait totalement honte à Thuringwethil, mais bon. Elle plante le laser dans la chair corpulente du géant et dissèque sans plus de retenue son flanc, permettant aux boyaux et autres charmantes entrailles de se répandre sur le sol dans un bruit de succion. La sorcière rabat son sabre et le range consciencieusement. Son étape prochaine est de fouiller dans les intestins gluants du Gorgodon. Elle glisse plusieurs fois, s'étale dans la bouillie de chair sanguinolente mais continue avec ardeur, plonge ses doigts aux travers du tissu sanglant. Et après quelques minutes d'une éprouvante inspection elle en retire deux cristaux taillés avec précisions d'un couleur pâle et dorée.

- Parfait.

Non loin d'elles à présent, ce sont d'autres grognements affamés qui inondent les cavernes creuses d'Ilum. Immédiatement sur ses gardes, Thuringwethil se pince les lèvres avec hargne. Elle recule de quelques mètres et questionne Caëdës d'une voix où le trouble fusionne avec le doute :

- Ton vaisseau, dans quel état il est ?

Plusieurs scénarios se présentent rapidement à son esprit. Soit, comme le sien, le vaisseau de la Sith est en miette et à ce moment-là ce serait une longue course-poursuite entre les Gorgodons et elles. Soit, petit espoir, c'est un vaisseau endommagé certes, mais réparable alors l'options cassos serait envisageable et louable tant elle sauverait leurs miches. Enfin, le pire, c'est la fuite - de toute manière vu le nombre de Gorgodon, et dans la fuite lâche croisée un ou deux Jedis. D'ailleurs, le plus urgent serait de soigner la plaie d'Irïs. Elle n'irait pas bien loin navrée de cette manière, et le sang, la faiblesse attirent ces foutus bestiaux. De plus, Varda n'a aucune envie de se traîner un boulet.