Le Grey Hope venait de recevoir l'autorisation d'atterrir dans un hangar de la capitale d'Alderaan. A l'intérieur du cockpit, l'émotion et la douleur serrait le cœur de Jonathan. Des vaisseaux républicains se trouvaient en orbite, en position défensive. Des escadrilles de chasseurs avaient été déployées pour assurer l'atterrissage de tous les vaisseaux. Une station orbitale était en chantier, au milieu de la petite flotte. HK-51 s'approcha de son Maître.

- J'ai l'impression de voir Télos pendant la Restauration, HK. Un monde dévasté, et une station qui va projeter son ombre républicaine sur ma planète.

Le droïde resta muet, par respect pour le peuple du Revanchiste. Jonathan savait ce que l'apparition de cette station pouvait signifier. Comme pour Télos, elle pourrait attirer l'attention d'un ennemi puissant, et ainsi risquer de mettre une fois de plus la planète en danger. HK-51 prit la place de pilote et le Revanchiste resta en retrait dans le cockpit, pianotant sur un écran. Il vérifiait les informations de la République. Seule la capitale et ses alentours avaient été victimes de l'assaut puis du bombardement des Sith. Une attaque éclair, comme un avertissement adressé aux républicains et à leurs alliés Jedi et Jal Shey. Mais une question subsistait dans la tête du jeune homme : pourquoi Alderaan?

A peine s'était-il posé cette question qu'il revint à la réalité. Le vaisseau venait de traverser la couche nuageuse de l'atmosphère d'Alderaan, et Jonathan aperçut la cité en ruines. Son cœur se serra d'effroi. Les dégâts étaient encore pires qu'il les avait imaginés. Les bâtiments étaient éventrés ou complètement rasés, les tours effondrés sur d'autres tours. Le palais n'avait plus sa splendeur d'autrefois, il était désormais noircit par les impacts de lasers et troué par les explosions de torpilles.
Il n'y avait plus d'habitations, la République avait restauré quelques hangars et baies de chargement, et les survivants étaient logés dans des sortes de bidonvilles faits de tentes républicaines et de débris récupérés dans les ruines, en attendant une meilleure situation de la part du gouvernement.

- La République n'aura jamais les moyens financiers et matériels pour reconstruire cette cité immédiatement, Maître, commenta HK sur un ton grave. Ce genre de situation ne peut qu'aggraver les choses...

Jonathan savait que le droïde avait raison, mais au fond de lui il espérait que tout irait mieux à l'avenir. Alderaan avait été son univers depuis sa naissance, il voulait que tout aille à merveille pour ce monde. Il ferait tout pour ça.

Le vaisseau se posa, et ses deux occupants en sortirent. Le hangar faisait peine à voir, tant il était en mauvais état. Le jeune homme craignit que le toit s'effondre sur son vaisseau, auquel il commençait à s'attacher. Un officier républicain apparut dans l'entrée de la baie et se dirigea vers eux. A la vue du sabre laser accroché à la ceinture de Jonathan, il s'inclina.

- Bienvenue à vous, amis Revanchistes, annonça-t-il sur un ton cérémonieux. Je suppose que vous êtes ici pour enquêter sur le cataclysme qui à eu lieu?

- C'est cela, répondit le Padawan d'une voix sombre et pesante.

Le Conseil Revanchiste lui avait demandé de découvrir ce pourquoi Alderaan avait été attaquée. Certains avaient d'abord refusé, compte tenu du fait qu'il s'agissait du monde natal de Jonathan, mais il était actuellement le seul disponible qui connaissait bien cette planète. Il avait été autorisé à conserver son cargo et HK-51 malgré son rang de Padawan, mais le Conseil l'avait prévenu que les Jal Shey et les Jedi pourraient être tout aussi intéressés par cette attaque, et qu'il en serait peut-être de même pour les Sith.

- Excusez-moi, reprit calmement l'officier, mais avez-vous besoin d'un guide pour votre enquête?

- En aucun cas, répondit à nouveau le Revanchiste sur un ton froid. Je suis né ici...

L'officier ne sut quoi dire, mais en croisant le regard sombre et glacial de Jonathan, il préféra ne faire aucun commentaire. Il leur indiqua juste que le hangar serait verrouillé jusqu'à leur retour. Les deux compagnons quittèrent les lieux, et se retrouvèrent dans une grande avenue traversant une zone de la cité dédiée aux hangars d'atterrissage. Le jeune homme, malgré sa douleur et la présence massive des républicains, se ressaisit et alla vers la droite. Son enquête devait commencer par le QG de la République, sûrement situé en centre-ville. Il demanda juste à un soldat posté à la sortie de l'avenue la position exacte de ce camp de base, et on lui répondit qu'il se trouvait dans le museum du centre, comme il l'avait deviné. Ils se remirent en route, mais HK-51 jugea que le mutisme de son Maître ne faisait qu'aggraver sa douleur. Il décida de lui parler.

- Maître, pourriez-vous me décrire comment était cette ville avant l'assaut des Sith?

- Eh bien... (La nostalgie se sentait déjà dans sa voix. Il soupira et reprit.) Tout simplement magnifique. Les bâtiments et les tours étaient faits de murs de pierres grises polies récupérées dans les montagnes du Nord, solidement maintenues avec des armatures et des bases en duracier renforcé. La végétation grimpait le long des constructions, donnant une touche naturelle et harmonieuse de la ville. Je me souviens du soleil qui illuminait la ville de son éclat orangé lorsqu'il se levait et se couchait. Les gens étaient sympathiques et ravis de vivre ici. C'était presque un paradis.

Submergé par l'émotion, Jonathan versa une larme qui coula jusqu'à la commissure de ses lèvres. Il ne la sécha pas, préférant laisser le vent d'Alderaan prendre ce gage d'amour envers sa planète et son peuple. Mais dès qu'il pensa au mot «amour», il changea d'expression et grimaça. «Mieux vaut ne pas y penser», songea-t-il avec un soupçon de colère.

Enfin ils arrivèrent au museum qu'on leur avait indiqué. Un bâtiment grand et majestueux, malgré le bombardement de la cité. A son entrée se trouvaient plusieurs statues hautes chacune d'une dizaine de mètres au moins. Certaines avaient perdu un membre ou la tête, d'autres étaient marquées par des impacts de lasers. Enfin, certaines avaient été détruites, ne laissant qu'un socle de marbre, voire même rien du tout. Le patrimoine d'Alderaan saccagé, lacéré, presque détruit par la fureur Sith. Son cœur fit à nouveau un bond. Qui était-il pour pouvoir supporter ce cauchemar? Il comprenait désormais pourquoi le Conseil l'avait envoyé : il s'agissait d'une épreuve.

A l'intérieur, le museum se constituait ainsi : un grand hall circulaire soutenu par des colonnes accueillait les visiteurs avec des objets historiques rares et fascinants. «Et il n'y a plus rien, maintenant» remarqua Jonathan. Ensuite, cinq ascenseurs amenaient les groupes de visiteurs dans les quatre différents étages, comportant chacun trois ailes. Les guides menaient ainsi les visiteurs dans les différents étages et ailes selon un programme minutieux, qui évitait à deux groupes de se rencontrer au même endroit. Bien sûr, cela arrivait, de temps à autres...

Désormais, au milieu du hall, il y avait tout un dispositif électronique et stratégique monté sur place : des ordinateurs, des interfaces, des casiers militaires de rangement, des gardes et des snipeurs postés un peu partout, des droïdes protocolaires et des unités T3 et T4 chargées de la maintenance qui allaient et venaient dans l'immense salle. Au milieu des ordinateurs et d'équipements divers et variés, un haut gradé de la République se tenait, en train de pianoter sur un écran. Lorsqu'il aperçut le Revanchiste et son droïde, il les gratifia d'un salut militaire, que Jonathan lui rendit uniquement par politesse.

- Vous êtes le Padawan Jones, je présume, commença le républicain. Je me présente, colonel Dhelak. Je serais à votre service pour votre enquête.

- Merci beaucoup, colonel, mais nous pensons pouvoir nous en sortir seuls, mon droïde et moi. Nous désirons juste des informations.

- Je vois. Je vais faire de mon mieux. Vous pouvez aussi allez parler à FD-21, indiqua-t-il en désignant du doigt un droïde protocolaire jaune et gris qui se trouvait plus loin. Il dispose de plus de renseignements.

- Je m'en occupe, Maître, répondit immédiatement HK en se retournant pour aller voir FD-21.

- Alors, reprit le colonel, je vous écoute.

- Tout d'abord, pour quelles raisons les Sith auraient-ils attaqué Alderaan? demanda le Revanchiste.

- En fait, nous n'en sommes pas sûrs, mais li semblerait que ce soit pour intimider ou avertir la République. C'est la seule hypothèse que nous ayons pour le moment.

Il y avait pensé, mais c'était trop facile. Pourquoi ce monde-là? Jonathan lui posa cette question, auquel il n'eut, en guise de réponse, que des suppositions hasardeuses qui restaient à vérifier. Le colonel lui appris que les Sith avaient pillé le museum , même si ça ne semblait être leur objectif principal, compte tenu des dégâts qu'ils avaient causés. Ils n'avaient tué que par le bombardement ou par nécessité, mais avaient apparemment retourné presque entièrement le palais, comme s'ils avaient chercher quelque chose, mais les patrouilles n'avaient relevé que la disparition ou la destruction de plusieurs œuvres d'art. Quand il n'eut plus de questions, Jonathan demanda juste si il pouvait avoir accès au palais, qui était fermé et dont l'entrée était gardée depuis l'attaque. Le colonel lui donna une autorisation, puis il se quittèrent avec une poignée de mains. Le militaire lui annonça juste, avant de partir, que les Jedi pourraient peut-être s'intéresser à cette histoire. «Étrange, lui aussi m'avertit de cette éventualité» pensa le Revanchiste avec un air intrigué. Ne trouvant aucune explication logique à cette avertissement, sinon le simple fait d'informer, il cessa de penser et alla voir HK-51, qui venait également de terminer d'interroger FD-21.

- Rien, Maître, annonça le droïde en remarquant l'air interrogateur de Jonathan. Rien de plus que vous.

- Tu écoutais? s'étonna le jeune homme.

- Allons, Maître, je suis un droïde. Je suis capable d'écouter deux conversations à la fois. (Il marqua une pause, puis changea de sujet.) Alors, nous allons au palais?

- Tout à fait, répondit le Revanchiste sur un ton déterminé. Je dois savoir.

C'était vrai. Il devait savoir pourquoi les Sith avaient attaqué Alderaan, et pourquoi Jolee Bindo avait fait allusion à sa mère. Il redoutait déjà l'éventuelle réponse à ces deux question...

Les deux compagnons furent escortés par deux soldats jusqu'au palais. Le chemin qui les y conduisit n'était constitué que de rues traversant des bidonvilles et autres tentes sales pour accueillirent les réfugiés, qui jetaient un regard noir à Jonathan dès qu'ils le voyaient. «Ils savent qui je suis» se disait-il à chaque fois en baissant les yeux. Il avait abandonné son peuple par crainte, alors qu'il aurait du souffrir avec lui. Au bout du compte, la douleur ne s'en faisait que plus ressentir. Comment se racheter aux yeux de ces gens qui avaient tout perdu alors que lui venait de retrouver un toit et un avenir juste à cause de son don. Jusqu'à maintenant, il n'aurait jamais cru que le fait d'être sensible à la Force puisse conduire à de telles injustices. Le doute s'insinua en lui. Et si il avait fait le mauvais choix?

La vue du palais l'arracha brutalement à ses pensées. Là les dégâts étaient bien pires que dans le reste de la cité. La partie circulaire centrale autour duquel était construit le bâtiment était complètement éventré, les toits étaient percés à plusieurs endroits. Les jardins de l'entrée avaient été brûlés par les tirs de lasers et les statues étaient parties en fumée lors du bombardement. Des ruines, des débris entassés obstruaient le passage tous les trois mètres. Un vaisseau de transport s'était même écrasé dans le palais, terminant d'anéantir une œuvre architecturale qui avait demandé deux ans de construction et la sueur de plusieurs centaines d'hommes. Après le doute, la colère. Jonathan fulminait. Toute cette destruction était une insulte à son peuple.

- Par ici, Monsieur, déclara l'un des soldats en désignant un trou dans le mur Est. La porte principale peut s'effondrer à tout moment, nous ne prendrons pas le risque de la franchir.

Devant ce trou, trois autres soldats lourdement armés et aux aguets montaient la garde. Ils laissèrent passer le petit groupe sans même les regarder. Jonathan et HK-51 pénétrèrent dans la brèche. Ils se trouvaient dans le couloir principal de l'aile Est. Toue était sombre, ils arrivaient à peine à distinguer les impacts sur les murs et les débris au sol.

- Quelqu'un est venu avant nous? demanda le Revanchiste aux soldats, restés dehors.

- Pas que l'on sache, répondit l'un des gardes de la brèche. On n'a vu personne.

- Très bien... (Il fronça les sourcils.) Nous allons continuer seuls. Surveillez l'entrée.

Le jeune homme et son droïde commencèrent à se diriger vers le hall principal en remontant le couloir. Une question brûlait le vocabulateur de HK-51, et il la posa quand il furent éloignés de la brèche.

- Pourquoi leur avoir posé cette question, Maître?

- J'ai senti une présence, un résidu de Force, avoua Jonathan. Nous allons suivre cette piste.

- Jedi ou Sith?

- Je l'ignore, répondit l'humain, troublé. C'est difficile à savoir...

Ils atteignirent le hall. Il ressemblait à celui du Temple Jedi de Coruscant, en plus petit. Sur les côtés, d'immenses colonnes soutenaient une voute ornée de plantes grimpantes, qui désormais ne grimpaient plus, brûlées par les lasers. Sur les colonnes subsistaient encore des sculptures dignes des plus grands artistes de la galaxie. Au fond, un grand escalier menait à l'étage supérieur, qui surplombait le hall. L'endroit était démunit d'éclairage, mais les fenêtres encore existantes et les brèches dans les murs laissaient pénétrer suffisamment de lumière. Jonathan remarqua qu'il ne restait aucun cadavre. Les survivants avaient du les récupérer pour les enterrer dignement.

- Allons d'abord à la salle du trône, indiqua Jonathan. Ensuite nous verrons la salle du conseil, où se déroulait le débat qui a eu lieu avant l'attaque.

Gravissant le grand escalier, HK et le Revanchiste parcoururent plusieurs couloirs, chambres, salles des coffres, et même l'un des hangars du palais. Le droïde devina que le chemin menant à la salle du trône était plus courte et plus simple, et que le jeune homme passait dans ces différents endroits uniquement par nostalgie. Ils atteignirent enfin la salle du trône, après une visite endeuillée du palais. Les combats n'avaient pas eu lieu ici, puisque tout le monde se trouvait à la salle du conseil au moment de l'attaque. Jonathan savoura la vue de ce qui était sûrement le seul lieu encore en état dans le palais, voire même dans toute la cité. HK-51 inspecta la pièce rapidement, puis fit un rapport au jeune homme.

- Il n'y a pas eu de combats ici, Maître. Mais la salle a été fouillée. (Il montra le trône.) Ce siège est équipé de plusieurs rangement sur les côtés et en dessous. Ils ont tous été ouverts à coups de blasters ou à l'aide d'un perceur de sécurité. En revanche, rien n'a apparemment été prit.

- A ton avis, que cherchaient les Sith? demanda Jonathan d'un air songeur.

- Je l'ignore, Maître. Mais ce n'était pas ici, en tout cas.

Ils quittèrent la pièce, et traversèrent de nouveau un dédale de couloirs et de petites pièces sans intérêt. Le Revanchiste, qui avait toujours vécu dans le palais, était habitué à y entendre du bruit tôt dans la matinée jusqu'à tard le soir. Mais là, un silence mortuaire régnait dans le bâtiment. Ils arrivèrent un peu plus tard devant la salle du conseil, mais Jonathan hésita à entrer.

- Maître, il faut toujours affronter son passé à un moment de sa vie, lui dit HK-51, moralisateur.

- Ce n'est pas ça, HK, articula-t-il difficilement. La trace de Force... Elle s'arrête là, dans la salle.

Le droïde jeta un regard dans la salle, par l'encadrement de la porte, le canon de son fusil pointé devant lui. Il ne vit rien. Il invita Jonathan à entrer, qui s'exécuta. La salle du conseil avait la forme d'un amphithéâtre, avec plusieurs rangées de sièges. Là aussi, des impacts de lasers étaient visibles sur les murs, ainsi que des entailles indiquant des coups de sabres perdus. La pièce n'aillant aucune ouverture sur l'extérieur, une pénombre inquiétante régnait à cet endroit. Les deux compagnons se rendirent au centre de la salle, et constatèrent qu'il n'y avait rien de plus intéressant que dans la salle du trône. Rien d'autre que cette présence particulière qui se concentrait en cet endroit.

- Es-tu venu pour chercher des réponses, Revanchiste? lança soudainement une voix aigüe depuis l'obscurité envahissante.

Sabre laser pointé devant lui, Jonathan se retourna en un coup de vent vers la source de cette voix. Il vit juste deux petits yeux jaunes dans l'obscurité, qui les fixait lui et HK-51. Même si le Revanchiste se doutait de quelle genre d'être il s'agissait, il continua de brandir son arme devant lui. L'être continua sans même se révéler.

- Ou peut-être as-tu des questions à me poser? Ton cœur brûle de connaître la vérité, je le sens.

L'être sortit alors de l'ombre, s'avançant vers le jeune homme et son droïde, et se trouva être... «Un Jawa!» s'étonna Jonathan intérieurement. Le petit homme portait la tenue habituelle d'un Jawa, mais avec quelques différences. Sa capuche n'avait pas de sommet pointu, mais était arrondie. Et sa tenue était un mélange entre la tenue de Jawa de base et une bure de Jedi. Le Revanchiste remarqua aussi qu'il portait un petit sabre doré à sa ceinture.

- Mais qui êtes-vous? osa enfin demander Jonathan.

- Mon nom est Herryz le Jawa. Comme tu as pu le remarquer, je suis...

- Un Jedi, termina l'humain.

- Certes. Et toi tu es Jonathan.

- Comment...

- Je connaissais ta mère, figures-toi. Maintenant, ne pose plus de questions, et suis-moi.

Le dénommé Herryz se dirigea vers la sortie de la salle lentement, d'une lenteur accentuée par sa petite taille. En temps normal, Jonathan ne l'aurait pas suivit, mais le Jawa en avait déjà trop dit, sûrement pour que le Revanchiste accepte de le suivre. Ce dernier le rattrapa, malgré les avertissements de HK-51. Il avait beaucoup de choses à lui demander. Tout en marchant, ils commencèrent à discuter.

- J'ai 62 ans, commença le Jawa. J'ai participé aux guerres mandaloriennes aux côtés de Revan, du début à la fin, de Dxun à Malachor. Puis j'ai quitté ce dernier quand il a commencé à succomber, en partant dans les Zones Inconnues de l'espace. Depuis cette guerre, j'ai erré dans la galaxie en tentant d'aider les innocents dans le besoin, mais sans jamais avoir de but précis. Jusqu'à ce que j'apprenne le bombardement qui avait eu lieu ici, sur Alderaan. Dès lors j'ai sauté dans mon vaisseau et je suis parti.

Ils arrivèrent dans les quartiers du palais où avaient logé toutes les familles proches du trône. Jonathan reconnu l'endroit où Herryz l'emmenait.

- La chambre de ma mère!

Et à nouveau il sentit cette aura obscure qu'il avait sentie en rencontrant le Sorcier de Tund sur Dxun. Cette puissance malsaine qui l'enveloppait et le déstabilisait. Il ne comprenait pas. Il vit le Jawa commencer à fouiller un peu partout dans la pièce.

- Si vous me donniez des explications! clama alors Jonathan sur un ton plein d'impatience.

- Je ne ferais pas comme les Jedi, alors, mais je te préviens : tu t'exposes à une vérité qui ne fera que laisser des plaies on ne peut plus profondes dans ton âme.


- Je dois savoir.

- Alors voici l'histoire de Lileyna Jones, mon jeune ami, commença le Jawa sur un ton macabre et emplit de regrets. J'ai rencontré ta mère il y a bien longtemps, alors que je voyageait avec un ami que tu connaît bien, Jolee Bindo. Je l'avais retrouvé sur ordre des Jedi pour m'assurer sa sécurité durant son errance, suite à la guerre contre Exar Kun. Nous nous trouvions sur Metellos. La poubelle spatiale de Jolee avait eu besoin d'un cocktail, et nous nous étions donc arrêtés. J'avais entrepris de visiter celle qu'on appelle la «Sœur de Coruscant», quand une femme, voyant mon sabre laser briller à ma ceinture, m'implora de prendre sa fille pour la sauver de l'Échange. J'allais refuser, mais des hommes armés ont débarqué et tué cette femme sous mes yeux. Je ne pus que leur régler leurs comptes et repartir avec la fillette, une petite nommée Lileyna.

- Ma mère, comprit Jonathan d'une voix presque imperceptible.

- En effet, mais je savais que Jolee ne voudrait pas d'elle. (Il eut un rire triste.) Il avait déjà du mal à me supporter. Enfin, toujours est-il que nos chemins se sont séparés ce jour-là. J'ai donc pris un vaisseau pour Coruscant et j'ai ramené la jeune demoiselle au Temple. J'ai eu la chance de pouvoir la former, et elle devint mon apprentie.

- Comment était-elle, en tant qu'élève? demanda le jeune homme, attentif au moindre mot prononcé par Herryz.

- Douée, courageuse, audacieuse par moments et souvent imprévisible. Mais son cœur était meurtri par un passé qu'elle avait oublié. Jusqu'au jour où elle a rencontré ton père, Keron Jones. Dès lors, la vie lui parut soudain plus radieuse, plus attrayante, et pour la première fois de sa vie, elle fut heureuse. Mais elle ne goûta à ce bonheur que pendant peu de temps. (Il marqua une pause alors qu'il venait de trouver un petit interrupteur rouge sous le lit de Lileyna.) Ah! s'exclama-t-il en changeant de ton. Je ne m'étais pas trompé.

Il activa le petit voyant lumineux, et un pans de mur s'abaissa tel une porte, à côté d'une bibliothèque que HK était en train d'inspecter. Ils découvrirent une petite pièce circulaire, dans laquelle des artéfacts et holocrons Sith rayonnants d'une lueur rougeâtre malsaine se trouvaient entreposés. Jonathan eu le souffle coupé.

- Ta mère a suivit Revan lors des guerres mandaloriennes, continua Herryz avec une pointe de tristesse. Elle voulut aussi le suivre dans les Espaces Inconnus, mais ton père réussit à la convaincre de rester. Pour toi. Elle décida donc de quitter les Jedi, ainsi que moi, et s'installa sur Alderaan. Ton père était très proche de la famille royale, et il lui trouva une place dans le palais, en tant que déléguée au conseil d'Alderaan. Mais, elle ne resta pas en place. La corruption de Revan l'inspira, et elle succomba au Côté Obscur, tout en le cachant aux autres. Elle finit par rejoindre cette secte de Sorciers sur Tund, mais je l'y suivit pour l'en empêcher. Nous nous sommes affrontés, et aidée par les autres membres de la secte, elle gagna le duel. J'eus juste le temps de quitter les lieux en vitesse.

Jonathan inspecta la pièce pleine d'artéfacts corrompus, en proie à un profond malaise. Comment était-ce possible? Tout ce temps passé aux côtés de sa mère. Il pouvait comprendre que sa position l'ai empêchée de passer du temps avec son fils, mais là il saisissait en fait ce qui l'avait rendue si froide.

- Elle voulait te corrompre, te faire devenir comme elle. Cet assaut des Sith t'as sauvé, d'un certain point de vue. Même si pour elle ce bombardement est arrivé trop tôt.

- Que voulez-vous dire?

- Je pense qu'elle avait voulu profiter de cette attaque pour t'emmener sur Tund, mais ça ne s'est pas passé comme prévu. Et les Sith l'ont tuée, ne sachant pas qui elle était vraiment. (Voyant l'air dubitatif de Jonathan, le Jawa continua.) Elle t'a protégé des Sith car elle préférait que tu sois comme elle, un Sorcier de Tund.

- Maître, tout va bien? demanda HK-51 en remarquant le désespoir apparut sur le visage du jeune homme.

Jonathan ne répondit pas. Tout l'univers dans lequel il avait évolué venait de s'effondrer en quelques instants. Il laissa une larme couler sur sa joue, ferma les yeux et laissa l'obscurité l'envahir. Plus rien n'avait désormais d'importance pour lui. Il se laissa submerger par le chagrin.

Jonathan était de retour dans la ville, en compagnie de HK-51, du colonel Dhelak et de Herryz. Après les révélations de ce dernier, le jeune homme avait été anéanti. Toute sa vie, tous les espoirs auxquels il s'était accroché s'étaient envolés, détruits, défigurés. Sa mère avait donc été une Sorcière de Tund, elle avait manipulé tout son entourage pour pouvoir faire de son propre fils un instrument du Côté Obscur.

«Pourquoi tant de cruauté?» Sa peine s'était muée en colère. Tout ce qui était arrivé était conséquence de Malachor V. «Revan, qu'as-tu fait à la galaxie?» Mais Jonathan ne pouvait pas le blâmer. Revan était un stratège, il avait du devenir froid et réaliser nombre de sacrifices, y compris se corrompre lui-même, pour sauvegarder la République des Sith qui semaient actuellement la terreur, et unifier la galaxie.

Revan avait donc complètement échoué : les Sith étaient de retour et l'Ordre Jedi était de nouveau scindé entre Jedi et Revanchistes. Jonathan ne pouvait donc pas lui faire porter le chapeau et devait honorer sa mémoire, mais Revan, d'un autre côté, n'avait pas non plus pris conscience des conséquences de ses actes.

- Nous y voilà, fit Dhelak lorsqu'ils arrivèrent devant la porte d'un hangar. Et encore merci d'avoir remis les artéfacts à la République.

En effet, Jonathan avait insisté pour que ce soit la République qui détienne les reliques trouvées dans les appartements de sa mère. Elles seraient ainsi en sécurité et mieux étudiées que si les Revanchistes les avaient eu. Car le jeune homme aimait de moins en moins la politique de conquête des Revanchistes. Qui sait comment ils auraient utilisé les artéfacts Sith.

- Voici le Requiem, annonça Herryz en entrant dans le hangar.

Le vaisseau du Jawa était un petit chasseur monoplace de la République. C'est là que Jonathan se rendit compte à quel point Herryz était solitaire. Pas de gros vaisseau car il ne voulait pas être accompagné. Pourtant...

- Je fais chauffer les moteurs et je vous suis jusqu'à Dxun, lança-t-il au Revanchiste.

- Je vais réveiller le Hope, Maître, signala le droïde. Ne traînez pas.

Le Revanchiste acquiesça d'un signe de tête. Ainsi Herryz s'était décidé à venir avec eux. Cela lui réchauffa le coeur, et le Jawa du le sentir, car il s'approcha de lui.

- Je ne suis pas ton maître, jeune Jones.

- Vous dites ça parce que ma mère a succombé au Côté Obscur? (Il ne laissa pas le temps de répondre à son interlocuteur.) Ne vous inquiétez pas, je vous considère uniquement comme un mentor.

Herryz le fixa de ses yeux jaunes, puis se détourna pour monter dans son vaisseau. Jonathan se dirigea vers Dhelak.

- Merci pour votre aide, colonel, dit-il en tendant la main.

- C'est moi qui vous remercie, répliqua l'autre en serrant la main tendue. J'espère que nous travaillerons à nouveau ensemble.

Dhelak se détourna et quitta le hangar. Le jeune homme regarda ensuite le Jawa allumer les moteurs de son chasseur. «Un mentor.» Sa mère n'avait pas été celle qu'il aurait voulu, et pourtant il se sentait bien, entouré d'un ermite Jawa et d'un droïde sarcastique.

«Mon histoire ne fait que commencer...»