Un cœur de sith. Elle ne pouvait nier la colère qui vivait en elle, et encore moins la frustration qui la gagnait alors qu’elle se retenait de crier sa rage et sa haine. Non, elle devait contenir tout cela et trouver un moyen pour se calmer. La méditation pouvait être un bon moyen d’y parvenir, mais elle ne se sentait pas encore apte à s’y plonger. La fureur des sith vivait – vivrait ? – toujours en elle, comme un feu brulant qui s’alimente de lui-même et qui demande toujours plus d’attention. Dix années qu’elle expérimentait ce calme en elle-même, dix années qu’elle se sentait emprisonné. Si les barreaux qui l’entouraient étaient bien réel, c’est dans son cœur qu’existait le véritable emprisonnement. On ne peut renier sa véritable nature, et Morton continuait ses tentatives de revenir à la lumière. Elle n’y trouverait surement aucune rédemption, le mal qu’elle avait propagée étant trop important et trop perceptible sur l’univers dans lequel elle vivait. La rédemption n’existerait que dans son fort intérieur, ou encore dans l’esprit de certains de ses compagnons. Sa rédemption existait dans l’avenir. Dix années à ruminer, à réflechir à ses maux et à ses torts, dix ans à crier, pleurer, et à dévaster dans son esprit les lieux et endroits qu’elle avait visité, espérant pouvoir à jamais les effacer de sa mémoire. La honte et la déception n’était pas ses alliés, mais plutôt ses geôliers. Malgré les conseils de Maitre Veris, lorsqu’elle était arrivé ici, elle n’arrivait pas encore à se pardonner, elle n’y arriverait peut être jamais. Le vieux maitre Jedi ne s’était pas voilé la face. Mais il avait cru en elle, jusqu’à sa mort.

C’était il y a longtemps. Depuis elle croupissait dans les prisons Jedi. Au départ sur Tython puis plus tard sur Coruscant, elle avait multiplié les chambres et les cellules. Jugée pour tentative d’assassinat sur plusieurs sénateurs, Morton avait finie par croupir, avec chance selon ses avocats, dans les prisons les mieux logées mais les plus difficiles à survivre mentalement. Car ici, vos gardiens ne vous laissaient pas tranquille dans votre coin à ruminer durant votre emprisonnement, ici les gardiens tentaient de vous ramener à la lumière, entretenant votre combat intérieur jusqu’à ses plus lointaines limites ! Et ce jusqu’à l’épuisement. Et épuisée, Morton l’était plus que jamais. Si la colère ne l’alimentait plus depuis quelques temps, elle ne trouvait plus ou puiser ses forces. Brisées, à bout, elle avait finie par trouver quand même certains moments de calme et de paix intérieur, partagée entre la satisfaction d’être encore en vie et la honte de sa vie passée.

Après sept ans de réclusion, on avait reconsidéré son cas. Selon l’ordre Jedi, elle était passée du statut « Incurable » à « Récupérable ». On la laissait parfois sortir de sa cellule pour se promener, surveillée par un gardiens plus que compétent, et pour accèder à l’holonet dans la bibliothèque destinée aux prisonniers. Parfois, elle accompagnait les maitres qui l’aidaient à sa réhabilitation jusque dans le hall du Temple Jedi pour le restaurer. Dernièrement rendu à l’ordre, celui-ci peinait à le reconstruire, et le guérir du temps et du vandalisme qui lui avait été fait. Elle travaillait alors au nettoyage et au rangement tout en discutant avec son gardiens, le Maitre Jedi Arkadi Meritv, un Chiss dont les yeux rouges la tourmentait jusque dans ses rêves les plus profonds.

Elle avait décidée d’emprunter la voie du coté clair de la force et de rejoindre l’ordre des Jedi. Ses raisons étaient obscure, mais la plupart avaient compris qu’elle n’en pouvait plus de ce feu dévastateur qui la rongeait, malgré ce besoin qu’elle avait en elle de l’attiser. Arkadi disait que Morton n’en serait surement jamais guérie et que ce serait une force qu’elle devrait apprivoiser tout au long de son existence. Après tout, lorsqu’elle avait été emprisonnée, les Jedi avait jugé son potentiel et l’avait désignée comme étant une Seigneur Sith. Après quelques renseignements et interrogatoire, Morton avait été désignée comme étant la sith du nom de Darth Sade, pseudonymes qu’elle portait rarement et affichait peu. On apprit qu’elle possèdait un apprenti mais que celui-ci s’était évaporé dans la nature. Les recherches s’avérèrent peu fructueuse et on laissa tomber l’affaire. Ce qui importait c’était de voir ce qu’on ferait de Morton. On l’emprisonna. La jugeant pas assez perdue pour l’abattre, mais trop dangereuse pour la relacher. Et puis le sénat harcelait l’ordre en demandant que justice soit faites.