Sa main ensanglantée déverrouilla le tableau de bord, lors de sa sortie d’Hyperespace. Le transporteur d’assaut se mut alors lentement, au rythme de la gravité inexistante de l’immense océan noir qu’était la Galaxie. Elle ne voyait fichtrement rien, d’un œil. Pourtant, des dizaines de diodes clignotaient, affolées: un manque de carburant par-ci, un réacteur endommagé par-là. Elle ne pouvait rien y faire. Elle n’était pas mécanicienne et sa magie , profondément inutile dans ces moments-là, ne saurait réparer le vaisseaux. Il fallut alors se débrouiller. Elle risqua un atterrissage après de très longues minutes à piloter maladroitement une boite de conserve. En mode manuel, c’était beaucoup plus drôle.
D’ailleurs, l’appareil s’écrasa davantage qu’il n’atterrit. Et elle put s’en extirper avant qu’il n’explose. Rampant dans la mangrove d’une jungle plus ou moins hostile, elle s’éloigna des périlleuse flammes qui léchaient les immenses arbres alentours.

Thuringwethil ne perdit pas de temps avant de se redresser, une main plaquée sur son œil droit couvert de sang. C’est chancelante qu’elle prit la route pour Iziz, la ville la plus proche. Les évènements repassaient à vitesse grand V dans sa mémoire. Elle avait couru, volé un Transporteur d’assaut encore en réparation (brillante idée), après avoir mis hors d’état de nuire le pilote attitré et le mécanicien. A bien y réfléchir, elle se demanda si elle n’aurait pas dû épargner ce dernier pour lui permettre d’atterrir de manière moins brutale. Cependant, le déroulement des opérations dévoila quelques désagréables surprises. Aussi le pilote s’était avéré être un redoutable maître de la Force - obscure. Elle mit du temps à l’éliminer alors qu’il usa à peine de quelques secondes pour la blesser, manquant de lui asséner au crâne, un coup fatal. Elle s’en était bien tirée, comme toujours.
Quand Varda apprendra la nouvelle, qu’elle s’était enfuie de Ziost de manière si brutale…il ne manquerait pas de lui rappeler qui commande. Elle sourit en s’appuyant à un arbre, pour reprendre son souffle, exténuée.

La jeune sorcière atteignit Iziz au terme d’un périlleux trajet de plusieurs heures à travers la jungle. Elle avait dû se dissimuler plusieurs fois, sous les racines et la dense végétation pour se cacher de la faune inamicale. Sa robe blanche était partie en lambeaux, et ce fut en arborant sa tenue de Tund qu’elle se présenta à l’une des entrées animées de la ville. On lui porta bien peu de regard, aussi put-elle partir à la recherche d’un centre de soin sans grande difficulté.
Le médecin était un Aleena. Il la prit en charge tout de suite, découvrant son état. Sa plaie allait de son arcade sourcilière droite jusqu’à sa tempe. Il ne fallut pas plus de quelques courtes minutes au savant docteur pour la recoudre à l’aide diverses procédés technologique dont il avait le secret. Néanmoins, le soleil était déjà très haut dans le Ciel d’Onderon lorsqu’elle sortit, toute rafistolée, de l’hôpital. Elle pressa le pas, incertaine. Elle n’aimait pas être dévoilée en tant que Sorcière de Tund dans les mondes étrangers.

« - Hey, Hey! » la héla-t-on alors qu’elle patientait pour attraper un véhicule léger de transport. Elle ignora l’appel, et décida de reprendre sa marche, considérant que l‘individu la suivait toujours.

« - Je sais qui vous êtes! » insistait-il d’une voix particulièrement insupportable, trop aigue. Elle s’engouffra dans une Cantina miteuse, aux odeurs d’excréments et d’alcool. La lumière y était inexistante, et la fréquentation permanente. Elle se fraya un chemin entre les tables disposée de manière anarchique, espérant une nouvelle fois semer son assaillant dans la pagaille des malfrats.
« Vous êtes une SORCIERE! » cria-t-il en bousculant un dug qui vociféra quelques insultes à son égard. Elle leva les yeux au ciel, et effectua un rapide mouvement pour se retourner. Et enfin voir qui osait la défier.
Ce furent ses derniers souvenirs.


Le réveil fut…doux. Elle eut le temps d’ouvrir ses yeux, la vue balayée par quelques-unes de ses mèches sombres et désordonnées. Thuringwethil mit un certain temps avant d’immerger, la bouche pâteuse et les lèvres sèches. Sous son dos nu, le sol était froid et humide, peu confortable. Ses muscles endoloris lui commandaient de ne pas bouger, d’attendre encore un peu, mais un surprenant élément la força à faire tout l’inverse. Son poignet droit était lourd et entravé par un fer qui la terrifia. Enchaînée. Elle était enchaînée Ses idées brouillées devinrent plus claires et ses yeux, rendus mi-clos par la paresse s’écarquillèrent brutalement. Elle tenta de bouger, mais de toute évidence, un poids à ses côtés, et auquel elle était prise, l’en empêchait.
Et ce qu’elle put voir de ses belles prunelles bleutées la terrifia davantage, autant qu’elle la surprit. Sous sa douce peau, d’une couleur aussi claire que la jeune pêche, la colère bouillonna. Interdite, Varda était emportée dans les méandres de l’incompréhension, laissant son esprit se tarir de questions qui cascadaient sauvagement.

« Lui…. » murmura-t-elle dans un souffle retenu, comme par peur de réveiller l’homme qui était enchaînée à elle, par le poignet également.

Elle fit à peine attention à la pièce où ils se trouvaient. Sombre, et délabrée. C’était de toute évidence, une ancienne chambre dévastée. Des marques profondes défonçaient les murs et les meubles étaient renversés, quelques affaires - dont des habits étaient éparpillés au sol. Il n’y avait aucune fenêtre.
Sinistre et lugubre.
Comme ce qui risquait de les attendre. Tapis derrière la porte verrouillée.